L'avis de Mediafilm

Richard Boutet, décédé tout juste avant la sortie du film, a tenté d'appréhender le plus vieux métier du monde à hauteur de trottoir. Pour ce faire, il a opéré une sélection éclectique mais représentative de ses participants, donnant surtout la parole à ceux et celles qui ont vécu le phénomène directement ou qui pratiquent encore la profession dans la rue. Enrichie de courtes séquences sur l'historique de la prostitution à Montréal et d'un bref reportage sur la réglementation de cette activité en Équateur, cette étude s'avère variée, cohérente et informative. Par ailleurs, l'ensemble adopte un ton résolument revendicateur, surtout dans les monologues de Marianne et les oeuvres peintes de Marie-Claude. Afin d'assurer les liens entre les scènes, les auteurs ont dû, pour des raisons de sécurité, reconstituer en partie la réalité, notamment pour les scènes de sollicitation, ce qui a permis de mener la plupart des entrevues à l'intérieur d'une voiture. Ce procédé presque pervers a pour résultat de placer symboliquement le spectateur dans la position du client. Toutefois, l'intérêt premier du film réside dans la sincérité et la pertinence des témoignages, généralement touchants et éclairants, des principaux intéressés.

Jean Beaulieu