L'avis de Mediafilm

On ne peut que saluer la démarche du réalisateur sénégalais Moussa Sene Absa (ÇA TWISTE À POPONGUINE, TABLEAU FERRAILLE), qui s'emploie à dénoncer la pénible situation des femmes en Afrique noire, par le biais d'un drame de moeurs aux allures de polar. Hélas, son propos est desservi par une construction en flash-back boiteuse, au sein d'un récit dénué d'originalité et d'intensité dramatique, dont la révélation finale est assez facile à deviner. Un autre problème réside dans la caractérisation peu cohérente de la protagoniste. Dépeinte comme indépendante, forte et fière, véritable source d'inspiration pour ses consoeurs, elle se laisse pourtant séduire avec une facilité déconcertante par le premier beau parleur venu, devenant l'artisane de son malheur. Reste que l'enquête policière donne lieu à quelques discussions révélatrices entre les femmes, qui se réjouissent de la mort du policier infidèle et profiteur, et les hommes, qui craignent de faire les frais de la colère de celles qu'ils gardent en sujétion depuis tant de siècles. La mise en scène est acceptable et les images regorgent de couleurs, tandis que l'emploi des chants des griots pour commenter l'action, à la manière des choeurs grecs, s'avère judicieux. Toutefois, l'interprétation, bien que vigoureuse, adopte un ton déclamatoire peu propice à l'adhésion du spectateur.

Louis-Paul Rioux