L'avis de Mediafilm

Au printemps 2001, l'artiste multimédia autrichien André Heller rencontre Traudl Junge et la persuade de se confier à la caméra afin de révéler au monde entier son expérience au service du Führer. Avec l'aide du cinéaste Othmar Schmiderer, il a enregistré une dizaine d'heures d'entrevues qu'il a condensées en 90 minutes. Ayant comme parti pris de n'user d'aucune fioriture stylistique, ni de films d'archives représentant Hitler, les cinéastes ont adopté l'approche frontale de la «tête parlante», réalisant un film qui aurait finalement pu être «tourné pour la radio». Le seul élément de distanciation réside dans les courtes séquences où les documentaristes montrent à l'interviewée des extraits des premiers entretiens, qu'elle commente succinctement. Tout tient donc dans le sujet et dans l'intérêt indéniable qu'il suscite, pour la petite et la grande histoire, particulièrement le dernier tiers du film qui traite des 14 jours précédant la mort du dictateur. On a ainsi droit à des propos fascinants livrés avec une candeur désarmante par la vénérable octogénaire, encore très en verve au moment du tournage. Traudl Junge est décédée tout juste après la première mondiale du film au festival de Berlin en 2002, à l'âge de 81 ans.