L'avis de Mediafilm

À l'occasion de son cinquante-deuxième long métrage pour le cinéma, Claude Chabrol retrouve la psychanalyste Caroline Éliacheff, sa coscénariste de LA CÉRÉMONIE. Cette fois, les auteurs proposent un exercice de style audacieux qui risque d'en désarçonner plus d'un. Construit avec une rigueur exemplaire, le récit semble tout naturellement converger vers le suspense attendu. Mais curieusement, celui-ci se trouve en bout de course désamorcé, au profit de l'étude du cas pathologique intrigant d'une femme ayant bâti sa vie sur les apparences et qui a développé des aptitudes pour le mal absolu. Du coup, le mystère sur la plausible filiation entre la jeune pianiste et le célèbre musicien se révèle une fausse piste, savamment entretenue par des dialogues finement ciselés et lourds de sens. Le cinéaste vétéran offre une mise en scène raffinée et subtile, sa caméra glissant avec élégance dans les intérieurs feutrés d'une grande bourgeoisie suisse policée à l'extrême et rongée par l'ennui. Complice de longue date de Chabrol, Isabelle Huppert livre une performance de haut vol dans un rôle complexe, et ses partenaires sont tous dirigés avec doigté.