L'avis de Mediafilm

DANCER IN THE DARK divise la critique. D'aucuns y voient une oeuvre qui transcende avec génie les conventions du mélodrame et de la comédie musicale, tandis que d'autres y perçoivent une entreprise de manipulation cynique. Mais tous s'entendent au moins pour admettre qu'il s'agit d'un film hors du commun. D'une simplicité désarmante, le scénario n'en contient pas moins quelques idées dramatiques puissantes, dont cette surprenante juxtaposition de misérabilisme et de fantaisie musicale. Sur le thème presque naïf du sacrifice d'une mère pour son enfant, Lars von Trier pousse dans ses derniers retranchements la charge émotionnelle de la tragédie, exprimant sa compassion à travers les regards et les gestes des personnages qui accompagnent l'héroïne dans ses malheurs (une collègue de travail, un prétendant, une gardienne de prison). Les couleurs délavées et les cadrages instables créent un effet pseudo documentaire qui s'efface lors des numéros musicaux, aux images plus colorées. De bout en bout, la maîtrise du cinéaste ne fait aucun doute. Mais cette réussite serait moindre sans la double contribution de Bjork, qui a composé une merveilleuse musique et qui livre à l'écran une performance d'actrice tout simplement déchirante.

Martin Girard