L'avis de Mediafilm

Tourné en vidéo avec peu de moyens, Genghis Blues recèle de bons moments, malgré une assez longue mise en situation. L'intérêt principal vient du fait que les auteurs nous convient à un triple documentaire. En effet, le reportage musical, même s'il se pose comme l'élément moteur du film, est loin d'en constituer le noyau. Certes, il est fort instructif d'en apprendre sur cette technique vocale si particulière qu'est le chant de gorge. Mais il en va tout autant de la culture et de l'histoire du peuple touvan, ainsi que du cheminement personnel du musicien aveugle, des tribulations du groupe qui l'accompagne et de l'amitié qu'il développe avec son comparse asiatique. D'ailleurs, la compétition comme telle n'occupe qu'un temps relativement court dans l'ensemble du film, se limitant à la brève prestation de Pena. Il est également intéressant de faire un parallèle entre l'isolement du musicien américain, en raison de sa cécité et de ses origines créoles, et celui, tant géopolitique que culturel, qui touche le peuple touvan. La cohérence de tous ces éléments est assurée par un montage serré.

Jean Beaulieu