Dolores Claiborne

L'avis de Mediafilm

La femme persécutée qu'incarne ici Kathy Bates n'a rien du personnage d'illuminée qu'elle interprétait dans MISERY, sinon sa solitude rurale et son ostracisme. Incidemment, le scénario de Tony Gilroy fait de l'île qu'habite Dolores un véritable personnage muet mais combien éloquent, une terre de secrets arrosée de haine. Taylor Hackford entremêle le passé et le présent par des flash-back agencés avec audace, déjouant le temps à l'intérieur d'un même plan. Tablant à fond sur les ingrédients du thriller et du mélodrame, il donne chair à l'intrigue et puissance au personnage central. Selena véhicule cependant un certain nombre de clichés, diminuant la puissance dramatique du conflit mère-fille qu'elle était venue déclencher. N'empêche, la superbe photographie de Gabriel Beristain fait corps avec le récit, distinguant par exemple le passé et le présent par des tonalités de couleurs différentes. L'éclipse de soleil, scène-clé du film, témoigne à cet égard de la grande qualité esthétique de ce film. Kathy Bates et Judy Parfitt forment un duo victime-bourreau fascinant.

Martin Bilodeau