Can. 2024. Documentaire de Jean-Claude Coulbois . En février 2016, sur la foi d'allégations de pédophilie, le cinéaste Claude Jutra, décédé trente ans auparavant, est passé de fleuron de la culture québécoise à paria. Rappel des faits, sous forme d'inventaire chronologique. Démonstration efficace. Esthétique guère inventive. Témoignages sincères et univoques. (sortie en salle: 29 mars 2024)
En février 2016, sur la foi d'allégations de pédophilie, le cinéaste Claude Jutra, décédé trente ans auparavant, est passé de fleuron de la culture québécoise à paria. Rappel des faits, sous forme d'inventaire chronologique. Démonstration efficace. Esthétique guère inventive. Témoignages sincères et univoques. (sortie en salle: 29 mars 2024)
La rapidité avec laquelle on a effacé de la mémoire collective l’un des pères fondateurs du cinéma québécois était-elle justifiée? ONZE JOURS EN FÉVRIER répond sans ambiguïté par la négative. Affichant son parti-pris en faveur d'une réponse mesurée, Jean-Claude Coulbois revient sur les aberrations de "l’affaire Jutra", marquée par un emballement médiatique et politique sans précédent. L’enchaînement à vitesse grand V des événements permet en outre au réalisateur de MORT SUBITE D’UN HOMME-THÉÂTRE de mettre en cause notre capacité à juger sans retenue ni empathie – et en dehors du cadre judiciaire – un homme décédé trente ans auparavant, envers qui aucune plainte n’avait jamais été déposée. Pour efficace qu’elle soit, la démonstration (guère inventive ou inspirée au plan esthétique) ne vise pas tant la quête d'éléments nouveaux que l'inventaire chronologique des développements (annoncé par le titre). Ceci explique l'absence dans le discours d'une réflexion sociologique plus large, ou inédite, ainsi que le caractère univoque des témoignages sincères. Du lot, on retiendra surtout les tendres souvenirs du directeur-photo Thomas Vamos et la délicate réflexion de l'acteur et dramaturge Dany Boudreault sur la libération de la parole. (Texte rédigé en mars 2024, dans le cadre des Rendez-vous Québec cinéma)
Texte : Charles-Henri Ramond