L'avis de Mediafilm

BOLERO doit sa très modeste réussite à l'acteur Raphaël Personnaz. Par son jeu très intérieur, celui-ci disparaît entièrement derrière cet artiste majeur mort en 1937. Autour de cette figure faisant corps avec ses habits: une galerie un peu moins convaincante d'acteurs en costume, qui apparaissent et disparaissent du cadre pour permettre au compositeur de verbaliser ses pensées. Ponctué de flashbacks et de longues enjambées dans le futur, le film d'Anne Fontaine (NETTOYAGE À SEC, COCO AVANT CHANEL) met du temps à prendre forme, au plan narratif, et conserve un très fragile équilibre tout du long. Et pour cause: le scénario égrène des données biographiques (l'éventail va de l'obsession de Ravel pour les chaussures à sa découverte du jazz) mais peine à cimenter l'homme, sa vie et son oeuvre. Fertile en arrière-plans numériques (très apparent dans le segment américain), le film se signale par sa plastique soyeuse, particulièrement lumineuse dans certaines scènes tournées en extérieurs. Au sein d'une distribution mesurée, Jeanne Balibar joue Ida Rubinstein avec l'ardeur comique d'une actrice du muet.

Martin Bilodeau