L’AVIS DE MEDIAFILM

Pour parler d'une réalité très actuelle (celle des femmes dans les groupes terroristes islamistes), Apolline Traoré recourt à un mélange audacieux de codes du conte traditionnel africain et de tropes du film de vengeance hollywoodien. Le résultat, bien que sincère, ne convainc qu'à moitié. Se déployant dans un espace-temps flou, le récit n'apparaît pas toujours crédible, tandis que l'inutilité proverbiale du fiancé malchanceux fait sourire. En revanche, l'auteure burkinabée marque des points en abordant de front la question de l'homosexualité au sein des forces de l'ISIS; et ce, à travers la figure la plus fourbe du film. Exception faite d'une scène de suspense moralement manipulatrice, la réalisation assurée, sur fond de paysages arides amples et évocateurs, participe au caractère envoûtant du spectacle. Expressive et investie dans le rôle-titre, Nafissatou Cissé en impose devant l'intimidant Lazare Minoungou, en cruel leader islamiste.

Texte : Louis-Paul Rioux