L’AVIS DE MEDIAFILM

De DOGTOOTH à THE KILLING OF A SACRED DEER, en passant par THE LOBSTER, l’oeuvre de Yorgos Lanthimos témoigne d'une fascination pour les expériences, les savants fous, la cruauté et les bêtes. POOR THINGS, son adaptation survoltée du roman éponyme d’Alasdair Gray, prolonge l’exploration de ces thème via un récit aussi étrange que fascinant, à situer quelque part entre un "Candide" féministe et un anti "Pygmalion" punk. Subversif et provoquant, l’ensemble se distingue par l’originalité de sa signature formelle; qu’il s’agisse de son portrait d’une Europe rétrofuturiste (entre Méliès et Terry Gilliam); de sa bande-son à la fois enfantine et dissonante (qui évoque Michael Nyman); ou de ses fascinants trucages (les animaux-hybrides, plus vrais que nature). Reste que l'effet le plus spécial à signaler est la performance d’Emma Stone, stupéfiante en "monstre" perdue dans un monde plus monstrueux encore. Mi-monstre de Frankenstein, mi-enfant sauvage, elle est l’héroïne inoubliable de cette vertigineuse plongée au coeur des relations hommes-femmes qui, malgré quelques longueurs et facilités, s’impose par son audace et son inventivité.

Texte : Georges Privet