L’AVIS DE MEDIAFILM

On cherche vainement l’intelligence et l’originalité de Neil Jordan (THE CRYING GAME, MICHAEL COLLINS, THE BUTCHER BOY) dans ce polar sans vie, qui zigzague mollement entre pastiche et hommage. En ramenant Philip Marlowe au grand écran après 45 ans d’absence, Jordan n’a pas opté pour le classicisme de John Huston (THE BIG SLEEP), l’audace formelle de Robert Montgomery (LADY IN THE LAKE) ni la réinvention inspirée de Robert Altman (THE LONG GOODBYE). Poussiéreux et amorphe, son film se voit plutôt comme une visite guidée dans un musée de clichés, mille fois répertoriés et copiés. Impression renforcée par le fait que cette série B n’a pas été tournée à Los Angeles, mais à Dublin et à Madrid. Dans le rôle-titre, Liam Neeson frôle l’auto-parodie en nous offrant un Marlowe vengeur, qui semble sorti tout droit de la série TAKEN. Dommage, car il est entouré d’une distribution de seconds couteaux prestigieux, dont Diane Kruger, Jessica Lange, Alan Cumming et François Arnaud. Ils méritaient tous mieux que ce polar mêlant maladroitement caricature et nostalgie.

Texte : Georges Privet