Fr. 2023. Docufiction de Kaouther Ben Hania avec Olfa Hamrouni, Eya Chikhaoui, Tayssir Chikhaoui. Pour comprendre pourquoi deux soeurs tunisiennes ont joint Daech, des actrices les incarnent au fil du processus qui les a menées là, aux côtés de leur vraie mère et de leurs cadettes. Portrait captivant et sans fard d'une mère surprotectrice. Dispositif formel novateur, employé avec brio. Participantes et comédiennes extrêmement attachantes. (sortie en salle: 19 janvier 2024)
Pour comprendre pourquoi deux soeurs tunisiennes ont joint Daech, des actrices les incarnent au fil du processus qui les a menées là, aux côtés de leur vraie mère et de leurs cadettes. Portrait captivant et sans fard d'une mère surprotectrice. Dispositif formel novateur, employé avec brio. Participantes et comédiennes extrêmement attachantes. (sortie en salle: 19 janvier 2024)
Au carrefour de la thérapie familiale - et sociale - et du jeu entre le cinéma et la vie, cette docufiction de Kaouther Ben Hania (L'HOMME QUI A VENDU SA PEAU) est en tout point admirable. Employé avec brio, le novateur dispositif formel et narratif imaginé par la cinéaste sert admirablement le propos. Il se dégage en effet de ces reconstitutions et de ces témoignages à la caméra un portrait lucide, sans fard, d'une mère surprotectrice. Laquelle, après avoir réussi à s'affranchir des hommes - avec courage et une volonté peu commune - a reproduit inconsciemment ce qu'elle reprochait à sa propre mère, résolument traditionaliste. Ben Hania illustre par ailleurs ce qui distingue le processus de radicalisation des jeunes filles en Tunisie de celui des autres pays arabes, précisant la nature exacte du piège dans lequel sont tombées les deux filles d'Olfa. Tant les participantes que les comédiennes, toutes les femmes qui apparaissent dans le film sont extrêmement attachantes. (Texte rédigé en mai 2023, dans le cadre du Festival de Cannes)
Texte : Louis-Paul Rioux