L'avis de Mediafilm

Philippe Garrel est à l'heure des bilans. À 74 ans, le réalisateur de J'ENTENDS PLUS LA GUITARE et LES AMANTS RÉGULIERS pose dans LE GRAND CHARIOT la question existentielle de tout artiste au soir de sa vie : “Quel est mon legs? ”. Le cinéaste le fait à sa manière personnelle et intimiste, convoquant autour de lui ses trois enfants et les souvenirs de la dynastie de saltimbanques inaugurée par son père, le célèbre acteur Maurice Garrel. En douceur, presque en murmurant, mais sans sentimentalisme, le réalisateur, réputé pour son cinéma contestataire, brosse le portrait d'une famille soudée autour de la pratique d'un art jugé "dépassé". Celui de la marionnette, métaphore à peine déguisée du cinéma – au sens que Garrel lui donne, s'entend. Le scénario un peu diffus a du mal à assembler les différentes pièces du récit. Mais la caméra, souple, et le jeu, sobre, procurent au film son unité. (Texte rédigé en février 2023, dans le cadre de la 73e Berlinale)

Martin Bilodeau