L’AVIS DE MEDIAFILM

«Ce n'est pas mon attirance à moi qu'il fallait interroger, mais la sienne», écrivait Vanessa Springora dans son récit autobiographique paru en 2020. Celui-ci a eu l'effet d'une bombe dans le milieu littéraire français qui, jusque-là, avait complaisamment protégé l'écrivain pédophile Gabriel Matzneff au nom de la licence artistique. L'adaptation qu'en tire Vanessa Filho (GUEULE D'ANGE), même plastiquement irréprochable, a quelque chose d'un secret répété. Voire, l'effet d'une illustration un peu procédurale et frontale du phénomène de l'emprise, que les moyens du cinéma semblent impuissants à transcender. Les personnages eux-mêmes ne semblent pas exister en dehors de ce cadre didactique. L'accès du CONSENTEMENT à une certaine forme de grâce devait forcément passer par l'interprète qui tient le rôle de Springora. Victime mais consentante, timide mais hardie, Kim Higelin (petite-fille de Jacques), tout comme le film, convainc par intermittence.

Texte : Martin Bilodeau