Fr. 2023. Science-fiction de Bertrand Bonello avec Léa Seydoux, George MacKay, Guslagie Malanda. Dans un futur dominé par l’intelligence artificielle, une jeune femme doit nettoyer son ADN des émotions liées à ses rencontres avec les incarnations d'un même homme, en 1910, 2014 et 2044. Adaptation ambitieuse et souvent fascinante d'un court roman de Henry James. Mise en scène précise et élégante mais désincarnée. Jeu contrasté et complémentaire des deux vedettes. (sortie en salle: 19 avril 2024)
Dans un futur dominé par l’intelligence artificielle, une jeune femme doit nettoyer son ADN des émotions liées à ses rencontres avec les incarnations d'un même homme, en 1910, 2014 et 2044. Adaptation ambitieuse et souvent fascinante d'un court roman de Henry James. Mise en scène précise et élégante mais désincarnée. Jeu contrasté et complémentaire des deux vedettes. (sortie en salle: 19 avril 2024)
Cette adaptation libre du court roman "La bête de la jungle" de Henry James (qui a déjà inspiré un autre film - signé Patric Chiha - plus tôt cette année) séduit initialement par son ambition vertigineuse. Avec ses allers-retours spatio-temporels, son audacieux mélange de genres et sa réflexion bien actuelle sur l’amour à l’ère de l’intelligence artificielle, le film de Bertrand Bonello (SAINT LAURENT, COMA) ne manque pas d’idées. Il manque toutefois d’émotion. Plastiquement achevé mais languissant et désincarné, le film exerce une fascination qui reste essentiellement formelle. Et cela, malgré ses emprunts et clins d’oeil appuyés au bouleversant ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND de Michel Gondry, ainsi qu'aux plus conceptuels JE T’AIME, JE T’AIME d'Alain Resnais et MULHOLLAND DRIVE de David Lynch. Car malgré les performances - à la fois contrastées et complémentaires - de Léa Seydoux et George McKay, on croit rarement à ces trois histoires d’amours impossibles. D’où le paradoxe douloureux de ce déroutant plaidoyer en faveur de l’émotion, qui fascine souvent mais n’émeut jamais. (Texte rédigé en octobre 2023, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma de Montréal)
Texte : Georges Privet