L’AVIS DE MEDIAFILM

Dans la filmographie de Robert Guédiguian (MARIUS ET JEANNETTE, LE VOYAGE EN ARMÉNIE), ET LA FÊTE CONTINUE! a toutes les apparences d’un bilan. Mitigé, le bilan. "Les bourgeois peuvent dormir tranquilles, on ne s'unira jamais", fait dire le cinéaste à sa Rosa, militante épuisée par des décennies à tenter de faire parler d’une seule voix la gauche atomisée. Surchargé de thèmes reconnaissables (la justice sociale pour tous, l'appel de l'Arménie mère patrie, etc.), le film est tout entier teinté de ce désenchantement, auquel Guédiguian oppose un salut, dans l’amour et la mémoire des disparus. L’organisation des idées est parfois maladroite et didactique, surtout au début. Puis, les choses se placent, les personnages s'ébrouent et prennent vie dans cet amphithéâtre marseillais sur lequel le réalisateur ne manque jamais de poser un nouveau regard. "Sans craintes ni espérances", les personnages défendus par les excellents Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin synthétisent à eux seuls toute la famille politique de Guédiguian. L’un dans l’action, l’autre dans la passion, aucun dans l'Indifférence.

Texte : Martin Bilodeau