É.-U. 2022. Drame de Todd Field avec Cate Blanchett, Noémie Merlant, Nina Hoss. La première femme à diriger un grand orchestre en Allemagne se retrouve plongée dans une affaire de moeurs, mal gérée par son assistante, qui l'aime en silence. Portrait baroque et touffu d'une femme de pouvoir arriviste. Illustration éloquente de la "cancel culture". Changements de ton habilement négociés. Mise en scène flamboyante. C. Blanchett magistrale. (sortie en salle: 21 octobre 2022)
La première femme à diriger un grand orchestre en Allemagne se retrouve plongée dans une affaire de moeurs, mal gérée par son assistante, qui l'aime en silence. Portrait baroque et touffu d'une femme de pouvoir arriviste. Illustration éloquente de la "cancel culture". Changements de ton habilement négociés. Mise en scène flamboyante. C. Blanchett magistrale. (sortie en salle: 21 octobre 2022)
Le trop rare Todd Field - trois longs métrages en 21 ans! - revient en force avec une proposition ambitieuse: le portrait baroque d'une femme de pouvoir arriviste, sur fond de peinture ultra-réaliste du milieu de la musique classique contemporaine. Loin de la retenue formelle d'IN THE BEDROOM et LITTLE CHILDREN, Field opte cette fois pour un style visuel flamboyant, en phase avec le parcours fiévreux de son héroïne, campée de manière magistrale par une Cate Blanchett au sommet de son art. Touffu, le récit illustre avec une égale éloquence le phénomène de la fabrication des stars et celui de la "cancel culture", alimenté par des réseaux sociaux en feu. Débutant comme un semi-documentaire, le film glisse doucement dans l'étrangeté puis l'angoisse, avec des passages oniriques d'une grande beauté plastique. Ces changements de ton, habilement négociés, masquent en partie le caractère un peu prétentieux de certains échanges pointus, réservés aux musicologues patentés. Car, oui TÁR est une oeuvre impressionnante, souvent époustouflante, mais qui se gargarise un peu trop de sa grandeur.
Texte : Louis-Paul Rioux