L’AVIS DE MEDIAFILM

Bien qu’il affiche une grande maîtrise formelle, ce premier film de John Patton Ford cherche moins à impressionner le spectateur qu’à mettre en valeur ses anti-héros, rendus invisibles par un capitalisme sauvage et un marché du travail devenu inhumain. Planté dans un Los Angeles réaliste, où la précarité balaie rêves et projets d’avenir, ce thriller nerveux et bien ficelé formule un commentaire social virulent, en plus d’envoyer valser les codes du genre. En faisant d’Emily une femme ordinaire plutôt qu’une tête brûlée, habituelle tête d’affiche de ce type de films, le réalisateur insuffle authenticité et profondeur au personnage, ce qui lui permet d’engager plus viscéralement le spectateur dans ses péripéties. La vulnérabilité et la force brute d’Aubrey Plaza (INGRID GOES WEST, BLACK BEAR) sont pour beaucoup dans la puissance de cet engagement. Épatante, l’actrice assied son statut d’égérie du cinéma indépendant américain, tandis que sa complicité avec l’excellent Theo Rossi (ARMY OF THE DEAD) donne au film de beaux moments d’humanité et de tension entremêlées.

Texte : Céline Gobert