L’AVIS DE MEDIAFILM

À 81 ans, après dix ans d'absence, Dario Argento (INFERNO, PROFONDO ROSSO, SUSPIRIA) est de retour derrière la caméra. On reconnaît la patte du maître du giallo dans l'impressionnante séquence d’ouverture sur fond de musique techno-gothique signée Arnaud Rebotini. Au-delà de laquelle DARK GLASSES s’effondre sous le poids d’un scénario laborieux, trop resserré sur le drame, là où l’on attendait plus d’horreur. Sans doute influencé par sa fille Asia, ici productrice associée, Argento montre une conscience aiguë des enjeux de l’époque, dans sa représentation de la diversité à l'écran et du traitement infligé aux femmes. Les meilleures séquences sont toutefois de nature plus métaphysique, comme en témoignent deux plans marquants: l’un sur fond d'éclipse solaire, l’autre sous un ciel nocturne étoilé. Hélas, ces brefs éclairs de beauté ne suffisent pas à sauver un exercice vain, exempt du suspense redoutable et de l’efficacité sauvage qui faisaient le prix des meilleurs films d'Argento, dans les années 1970-1980. Ilenia Pastorelli est cependant crédible en femme traquée mais jamais victime. (Texte rédigé en février 2022, dans le cadre du Festival de Berlin)

Texte : Céline Gobert