L'avis de Mediafilm

On sait depuis longtemps le culte que voue Paul Schrader (AMERICAN GIGOLO, HARDCORE, FIRST REFORMED) à l'oeuvre de Robert Bresson. Son admiration n'aura toutefois jamais été plus évidente que dans ce film qui commence comme JOURNAL D'UN CURÉ DE CAMPAGNE, se poursuit à la manière d'UN CONDAMNÉ À MORT S'EST ÉCHAPPÉ et se conclut comme PICKPOCKET. Aride, sombre et hermétique, cette méditation complexe et torturée sur la vengeance et la rédemption est clairement l'oeuvre d'un cinéaste exigeant et rigoureux qui, à 75 ans, n'a plus envie (ou besoin) de faire la moindre concession. D'où l'impression d'un film aux antipodes de la production actuelle, aux partis pris formels et narratifs d'un jusqu'au-boutisme rare. Seuls rayons de soleil dans cet exercice foncièrement pessimiste: les chansons mélancoliques de Robert Levon Been, en écho à la performance tendue et habitée d'Oscar Isaac, qui hante le spectateur longtemps après le visionnement.

Georges Privet