Can. 2021. Documentaire de Monic Néron, Émilie Perreault . Au Québec, les multiples difficultés rencontrées par les victimes d'abus sexuels pour obtenir justice en cour criminelle. Exposé rigoureux et socialement nécessaire. Réalisation vivante, de facture télévisuelle. Quelques bons effets de montage. Témoignages tantôt poignants, tantôt révoltants. (sortie en salle: 2 juillet 2021)
Au Québec, les multiples difficultés rencontrées par les victimes d'abus sexuels pour obtenir justice en cour criminelle. Exposé rigoureux et socialement nécessaire. Réalisation vivante, de facture télévisuelle. Quelques bons effets de montage. Témoignages tantôt poignants, tantôt révoltants. (sortie en salle: 2 juillet 2021)
À l'origine de l'affaire Gilbert Rozon, les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault poursuivent leur démarche sur le versant du documentaire, avec un exposé rigoureux et socialement nécessaire. Les témoignages poignants des victimes alternent avec les interventions désespérantes des procureurs et des juristes, qui admettent les failles du système tout en continuant à encourager les victimes à porter plainte. Les propos d'un criminaliste affichant fièrement sa mauvaise foi et son triomphalisme contribuent à alimenter le sentiment de révolte chez le spectateur. Les concepts de neurobiologie du trauma (dans les cas où le souvenir de l'agression a été oblitéré chez la victime) et de biais inconscient (chez certains juges faisant montre de préjugés envers les personnes agressées) viennent enrichir la réflexion. Mais sur le plan formel, les coréalisatrices se cantonnent à une facture essentiellement télévisuelle. Des effets de montage rehaussent toutefois la proposition, à l'occasion d'une discussion ironique sur la notion de doute raisonnable, puis à la toute fin du film, qui se veut une mise à jour douloureuse, toujours pertinente, des derniers plans du MOURIR À TUE-TÊTE d'Anne Claire Poirier.
Texte : Louis-Paul Rioux