L’AVIS DE MEDIAFILM

Dans la veine de ses précédents MARDI APRÈS-NOËL et ALICE T., Radu Muntean pose un regard caustique sur sa Roumanie natale. Cette fois, il s'emploie à dénoncer l'hypocrisie et la condescendance de certains travailleurs communautaires face aux plus démunis de la société, tout en illustrant, dans une conclusion déchirante, les limites criantes de l'aide humanitaire qu'ils croient leur apporter. Minimaliste, mais efficace, la réalisation se limite à des échanges de plus en plus tendus entre les trois protagonistes égarés, devenus ironiquement les nécessiteux de l'histoire. Un climat de menace baigne presque tout le film, avec un sommet d'angoisse lors des séquences nocturnes dans la forêt, faiblement éclairées par des téléphones portables ou des lampes de poche. Mais il s'agit pour l'essentiel de fausses pistes, savamment entretenues par le roublard Muntean. Celui-ci dirige avec assurance ses interprètes, qui se font toutefois voler la vedette par Luca Sabin, un non-professionnel fort attachant, d'un naturel bluffant, dans le rôle du désorienté Kente.

Texte : Louis-Paul Rioux