Can. 2021. Drame de Renée Beaulieu avec Rosalie Bonenfant, Roy Dupuis, Maxime Dumontier. La descente aux enfers d’une vingtenaire, prise entre une mère catatonique, hospitalisée depuis 10 ans, et un père taciturne avec lequel elle entretient une relation ambiguë. Crise identitaire en forme de « bad trip » sensoriel, parfois émouvant. Effets-chocs gratuits. Esthétisation quelquefois trop poussée et recours excessif à la musique. R. Bonenfant d’une grande justesse. (sortie en salle: 6 mai 2022)
La descente aux enfers d’une vingtenaire, prise entre une mère catatonique, hospitalisée depuis 10 ans, et un père taciturne avec lequel elle entretient une relation ambiguë. Crise identitaire en forme de « bad trip » sensoriel, parfois émouvant. Effets-chocs gratuits. Esthétisation quelquefois trop poussée et recours excessif à la musique. R. Bonenfant d’une grande justesse. (sortie en salle: 6 mai 2022)
Le désir de provoquer par une approche frontale de la sexualité était déjà présent dans LES SALOPES OU LE SUCRE NATUREL DE LA PEAU, second long métrage de Renée Beaulieu. Bien que plus sage, INÈS est également porté par cette envie de choquer, mais la provocation tourne, cette fois-ci, un peu à vide. Pensé comme un "bad trip" sensoriel, le film joue trop souvent la carte de l’effet-choc, de façon gratuite (la scène avec Martin Dubreuil) ou discutable (l’angle glauque d’une sexualité féminine autopunitive), pour induire un sentiment de malaise chez le spectateur. L’esthétisation poussée de certains passages et le recours systématique à la musique pour appuyer le tragique de cette crise identitaire soulignent l’incapacité du film à générer plus simplement l’inconfort recherché. Sauf exception, par exemple, dans le face-à-face final entre Inès et son père, filmé sobrement et plus émouvant que n’importe quelle scène. C’est d’autant plus dommage que les comédiens sont excellents, en particulier Rosalie Bonenfant qui, dans son premier rôle au cinéma, brille d’une grande justesse.
Texte : Céline Gobert