Fr. 2021. Drame de Fred Cavayé avec Gilles Lellouche, Sara Giraudeau, Daniel Auteuil. Devenu propriétaire de la bijouterie de son patron juif, caché dans la cave, un apprenti joaillier se compromet avec des clients nazis et perd le respect de sa femme. Adaptation assez libre de la pièce de Jean-Philippe Daguerre. Récit tendu et rigoureux. Dénouement forcé. Réalisation soignée. Reconstitution historique économe mais crédible. Bon trio d'interprètes. (sortie en salle: 6 mai 2022)
Devenu propriétaire de la bijouterie de son patron juif, caché dans la cave, un apprenti joaillier se compromet avec des clients nazis et perd le respect de sa femme. Adaptation assez libre de la pièce de Jean-Philippe Daguerre. Récit tendu et rigoureux. Dénouement forcé. Réalisation soignée. Reconstitution historique économe mais crédible. Bon trio d'interprètes. (sortie en salle: 6 mai 2022)
Sensiblement remaniée, avec un déplacement des enjeux visant à accentuer la noirceur du portrait d'un salaud en temps de guerre, la pièce de Jean-Philippe Daguerre renaît de manière étonnante à l'écran sous la direction du polyvalent Fred Cavayé (POUR ELLE, RADIN). Bien servi par une réalisation soignée et une reconstitution historique économe mais crédible, le récit, très tendu, soutient l'intérêt du spectateur. Jusqu'à un dénouement qui vient compromettre la solidité de l'échafaudage dramatique – socialement et psychologiquement juste – , que les auteurs avaient rigoureusement construit jusque-là. Imparfait, cet ADIEU MONSIEUR HAFFMANN n'en demeure pas moins une oeuvre nécessaire, en tant que témoignage vibrant des vicissitudes vécues par les juifs français durant l'Occupation. Collaborateur régulier de Cavayé, Gilles Lellouche porte le film sur ses épaules avec intensité. Plus en retrait, Daniel Auteuil compose un attachant et vulnérable Monsieur Haffmann. Enfin, Sara Giraudeau confère progressivement de la dignité et de la hauteur à son personnage d'épouse initialement docile.
Texte : Louis-Paul Rioux