It. 2019. Drame de Abel Ferrara avec Willem Dafoe, Cristina Chiriac, Anna Ferrara. Les tribulations personnelles et professionnelles d'un cinéaste new-yorkais, qui vit à Rome avec sa jeune épouse moldave et leur fillette. Exercice semi-autobiographique tantôt serein, tantôt torturé. Illustration complaisante de fantasmes machos. Réalisation pleine d'aisance. Composition forte et complexe de la vedette.
Les tribulations personnelles et professionnelles d'un cinéaste new-yorkais, qui vit à Rome avec sa jeune épouse moldave et leur fillette. Exercice semi-autobiographique tantôt serein, tantôt torturé. Illustration complaisante de fantasmes machos. Réalisation pleine d'aisance. Composition forte et complexe de la vedette.
Sous ses dehors d'oeuvre de maturité, marquée du sceau d'une sérénité nouvellement acquise, cet exercice semi-autobiographique du sexagénaire Abel Ferrara (tourné dans son appartement romain avec sa femme et leur petite fille) demeure ultimement fidèle à son univers torturé (BAD LIEUTENANT, BODY SNATCHERS, WELCOME TO NEW YORK). Ainsi, à travers des scènes de réalité quotidienne empreintes de tendresse et de bienveillance, surgissent divers fantasmes masculins érotiques et machos, dont l'illustration complaisante s'avère plutôt discutable. Pourtant l'ensemble, réalisé avec beaucoup d'aisance dans des décors moins connus de la ville éternelle, intrigue et fascine. Car, outre l'évocation de ses propres expériences, Ferrara rend un hommage insolite à sa vedette Willem Dafoe (avec lequel il a tourné un sous-estimé PASOLINI en 2014), en citant dans son récit plusieurs passages mettant en scène le Jésus du THE LAST TEMPTATION OF CHRIST de Martin Scorsese, l'un des rôles les plus marquants de l'acteur. Jouant le jeu avec abandon, ce dernier livre une autre de ses compositions fortes et complexes dont il a le secret.
Texte : Louis-Paul Rioux