All. 2018. Drame psychologique de Christian Petzold avec Franz Rogowski, Paula Beer, Godehard Giese. Les Allemands étant aux portes de Paris, un technicien d'origine germanique fuit vers Marseille, où une faune bigarrée de déplacés attend de prendre le bateau pour le Mexique. Fantaisie sombre inspirée d'un roman d'Anna Seghers. Ensemble retenu, presque littéraire. Mise en scène pleine d'ardeur. Ensemble manquant d'élan. Excellent F. Rogowski. (sortie en salle: 16 novembre 2018)
Les Allemands étant aux portes de Paris, un technicien d'origine germanique fuit vers Marseille, où une faune bigarrée de déplacés attend de prendre le bateau pour le Mexique. Fantaisie sombre inspirée d'un roman d'Anna Seghers. Ensemble retenu, presque littéraire. Mise en scène pleine d'ardeur. Ensemble manquant d'élan. Excellent F. Rogowski. (sortie en salle: 16 novembre 2018)
Après les froides années 1980 en ex-RDA (BARBARA) et les ruines fumantes de l'après-guerre (PHOENIX), l'Allemand Christian Petzolt tente un exercice totalement nouveau, soit une sorte de fantaisie sombre qui fait se croiser hier et aujourd'hui en une sorte de ressac historique. Sans expliquer le contexte politique (le roman d'Anne Seghers s'en charge sûrement), le cinéaste se concentre sur la fébrilité de l'attente, dans un quartier de Marseille devenue la dernière forteresse à prendre. Le ton solennel, la retenue jusqu'à l'absurde, rappellent les romans de Marguerite Duras, une impression fortifiée par un narrateur dont on ne connaîtra l'identité que très tard dans le récit. Ici encore, Petzold fait beaucoup avec peu. Sa mise en scène économe d'effets ne manque jamais d'ardeur. Le film, en revanche, manque un peu d'élan. Les développements, dans la dernière partie, semblent trop aléatoires pour forger la tension dramatique souhaitée. De fait, l'excellente composition de Franz Rogowski (HAPPY END), acteur atypique et subtilement charismatique, cimente le film mieux que le scénario ne semble capable de le faire. (Texte rédigé en février 2018, dans le cadre du Festival de Berlin)
Texte : Martin Bilodeau