L’AVIS DE MEDIAFILM

Tourné dans le chaos entre 1970 et 1976, au gré d'un financement intermittent, le mythique dernier film d'Orson Welles (CITIZEN KANE, OTHELLO) nous parvient plus de 40 ans après la fin de son tournage, courtoisie de Netflix. Honorant autant que possible les intentions de Welles (qui avait déjà monté plusieurs séquences), le résultat final est un film audacieux et fascinant - sorte de récit à clef testamentaire où l'art se heurte à l'industrie, où les anciens dieux du cinéma se frottent au Nouvel Hollywood, et où l'auteur préfigure - à grands coups de petites caméras portatives - l'ère du iPhone. Méditation sur le septième art, le monde en transition et la fin des choses, THE OTHER SIDE OF THE WIND, en dépit de ses quelques flottements, émeut tant par son contenu (l'exploration de l'homosexualité refoulée du protagoniste, des clins d'oeil - mi-ironiques, mi-admiratifs - au cinéma hippie qui fleurissait à l'époque), que par sa mise en scène inventive et moderne. Au coeur d'une distribution hétéroclite mêlant vieilles vedettes, réalisateurs de la relève et figurants légendaires, John Huston est magistral en vieux lion blessé, plus wellesien que nature.

Texte : Georges Privet