Esp. 2018. Drame de Asghar Farhadi avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin. L'enlèvement d'une adolescente durant une noce dans un village espagnol éveille des rancoeurs et provoque la révélation de troublants secrets de famille. Méditation prenante sur l'amour parental et la culpabilité. Mystère poreux. Dénouement manquant de force dramatique. Réalisation tendue, sertie d'effets de style. Interprètes investis. (sortie en salle: 22 février 2019)
L'enlèvement d'une adolescente durant une noce dans un village espagnol éveille des rancoeurs et provoque la révélation de troublants secrets de famille. Méditation prenante sur l'amour parental et la culpabilité. Mystère poreux. Dénouement manquant de force dramatique. Réalisation tendue, sertie d'effets de style. Interprètes investis. (sortie en salle: 22 février 2019)
Après LE PASSÉ en France, l'Iranien Asghar Farhadi a tourné en Espagne ce polar familial tendu, au carrefour d'Hitchcock et Chabrol. Davantage intéressé par les durs échanges verbaux révélant les fêlures des protagonistes, le réalisateur doublement oscarisé (UNE SÉPARATION, LE CLIENT) néglige quelque peu de nourrir son "whodunit", qui repose sur un mystère poreux et se conclut sur un anticlimax. Bref, il y a davantage de profondeur psychologique que de force dramatique dans cette méditation souvent prenante sur l'amour parental, la culpabilité et les vieilles rancoeurs. Pourtant, il s'agit du film le plus ensoleillé et stylistiquement ambitieux de Farhadi. À tout le moins dans sa première partie, sertie de prises de vue recherchées. Expressive et intense, Penélope Cruz a tendance à surjouer la mère éplorée, face à un excellent Javier Bardem en pilier social sur le point de s'effondrer et un Ricardo Darin très nuancé dans un rôle complexe. Les trois stars sont entourées de partenaires moins connus, mais qui ont tous l'occasion de briller. (Texte rédigé en mai 2018, dans le cadre du Festival de Cannes - Compétition officielle)
Texte : Louis-Paul Rioux