L’AVIS DE MEDIAFILM

Que reste-t-il de nous après notre mort? David Lowery risque une réponse toute personnelle dans ce long métrage sur l'absence et l'oeuvre du temps, qui frappe l'imaginaire par sa beauté insolite et sa mélancolie prenante. Le ton, le mouvement, la poésie, jusqu'aux compositions dans la retenue de Rooney Mara et Casey Affleck, rappellent le cinéma de Terrence Malick (TREE OF LIFE). En plus sobre dans la manière, mais les partis pris n'en sont pas moins audacieux. Comme par exemple le format d'image (quatre tiers) aux coins arrondis, qui s'apparente à celui des anciennes diapositives couleurs et donne au spectateur l'impression de regarder un carrousel chargé de photos de famille. S'ajoute la musique éthérée de David Hart, qui procure pulsation et climat sourd à un film presque entièrement muet, exception faite du premier acte. On admire jusqu'au concept même du fantôme, ici réduit à sa plus simple expression: une burqua blanche surmontée de deux trous noirs. Paradoxalement, le travail fait sur la silhouette est d'une prodigieuse sophistication. Une agréable et puissante surprise, à tous égards.

Texte : Martin Bilodeau