Can. 2017. Film d'essai de Carlos Ferrand . Évocation des dernières années de Walter Benjamin, philosophe et historien de l'art juif allemand, de son arrivée à Paris en 1933 jusqu'à son suicide en 1940 à la frontière espagnole. Portrait poétique et audacieux d'un homme de lettres méconnu. Destin douloureux et tragique, semblable à celui de milliers d'autres exilés juifs. Réalisation vivante et inventive. Voix off sensibles. (sortie en salle: 21 septembre 2018)
Évocation des dernières années de Walter Benjamin, philosophe et historien de l'art juif allemand, de son arrivée à Paris en 1933 jusqu'à son suicide en 1940 à la frontière espagnole. Portrait poétique et audacieux d'un homme de lettres méconnu. Destin douloureux et tragique, semblable à celui de milliers d'autres exilés juifs. Réalisation vivante et inventive. Voix off sensibles. (sortie en salle: 21 septembre 2018)
Sept ans après le personnel mais peu convaincant PLANÈTE YOGA, Carlos Ferrand revient en forme avec ce portrait poétique et audacieux, qui séduit d'emblée par son côté baroque, loin des codes du biopic. Un peu à la manière éclatée de THIRTY TWO SHORT FILMS ABOUT GLENN GOULD, les 13 courts chapitres qui relient Walter Benjamin à son oeuvre et son peuple donnent une image saisissante de ce penseur, fervent anticapitaliste et antinazi, dont "Le Livre des passages" demeure l'oeuvre phare. L'évocation des flammes perdues du cardiaque Benjamin, ainsi que l'énumération des nombreuses adresses où il vécut temporairement, fournissent autant de douloureux détails d'un destin tragique, semblable à celui de milliers d'autres juifs exilés. Les voix off sensibles confèrent un ton mélancolique au film, en contraste avec la mise en scène inventive et très colorée de Ferrand. Animation (marionnettes, dessins, pâte à modeler, etc.), prises de vue réelles et documents d'archives composent en effet cet essai instructif et délicat, à l'image de son sujet, intellectuel méconnu dont la profondeur des écrits résonne encore aujourd'hui.
Texte : Charles-Henri Ramond