L’AVIS DE MEDIAFILM

Partant d'une intrigue plutôt minimaliste recyclant quelques artifices théâtraux brillamment adaptés au médium (huis clos, non lieu, division du récit en actes distincts), le Français Alain Guiraudie (LE ROI DE L'ÉVASION) a composé une oeuvre forte et chargée de sens sur la solitude, le sexe et l'attrait du danger. L'INCONNU DU LAC, titre hautement ambigu, convoque le souvenir de Patricia Highsmith, de Paul Vecchiali et de Jean Genet, pour former sans trace d'effort une belle chorégraphie des corps, avec pour toute musique le clapotis de l'eau, le bruissement des feuilles et le chant des conversations. L'ensemble, écrasé par le soleil, exprime une pudeur des sentiments, en opposition à la nudité et les scènes de sexualité, montrées sans retenue. Le contraste a pour effet de créer une tension sourde, soutenue jusqu'au dernier acte. Dominant une distribution impeccable, Patrick D'Assumçao est très touchant dans la peau de Henri, le témoin qui voit tout et devine le reste.

Texte : Martin Bilodeau