Dan. 2009. Drame d'horreur de Lars von Trier avec Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe, Storm Acheche Sahlstrom. Dépressive depuis la mort accidentelle de son bambin, une jeune femme se soumet à la thérapie de son mari psychologue, dans leur chalet au fond d'un bois mystérieux. Récit provocateur, dur, dérangeant, au propos misogyne ambigu et au contenu symbolique riche. Climat angoissant habilement forgé. Mise en scène rigoureuse. Illustration recherchée et raffinée. Interprétation intense. (sortie en salle: 13 novembre 2009)
Dépressive depuis la mort accidentelle de son bambin, une jeune femme se soumet à la thérapie de son mari psychologue, dans leur chalet au fond d'un bois mystérieux. Récit provocateur, dur, dérangeant, au propos misogyne ambigu et au contenu symbolique riche. Climat angoissant habilement forgé. Mise en scène rigoureuse. Illustration recherchée et raffinée. Interprétation intense. (sortie en salle: 13 novembre 2009)
Alors qu'il illustrait sa conversion au christianisme dans son magnifique BREAKING THE WAVES, Lars von Trier convoque cette fois "L'Antéchrist" de Nietzsche pour transposer à l'écran ses doutes et ses tourments à la suite d'une profonde dépression. D'où une oeuvre provocatrice, dure, dérangeante, au contenu symbolique riche, dans laquelle on reconnaît néanmoins la misogynie ambiguë de l'enfant terrible du cinéma danois, de même que ses contradictions et son sens de l'esbroufe. La mise en scène rigoureuse est féconde en images recherchées et raffinées, particulièrement lors des envoûtants prologue et épilogue, filmés au ralenti dans un noir et blanc sublime, sur fond d'aria de Haendel. En outre, le cinéaste forge un climat angoissant à l'aide d'effets sonores oppressants qui rappellent fortement ceux de la série télévisée LE ROYAUME, sa première incursion dans l'horreur. Charlotte Gainsbourg incarne avec générosité et abandon un personnage tourmenté et souffrant, aux côtés du toujours solide Willem Dafoe dans le rôle d'une nouvelle figure christique, vingt ans après celle, mémorable, du LAST TEMPTATION OF CHRIST de Scorsese.
Texte : Louis-Paul Rioux
Olivier Séguret - Libération
Le meilleur du film, c'est le regard porté par le cinéaste (...) sur la créature Gainsbourg, chez laquelle Von Trier a perçu une force (...) destructrice, opposée à la convention d'une Charlotte douce (...). Celle-ci donne ici dans tout ce qu'il est moralement possible de réclamer d'une actrice, et peut-être même un peu au delà.
Pierre Murat - Télérama
Il a toujours manqué à Lars von Trier (...) la profondeur d'un Bergman (...). Et le mysticisme d'un Tarkovski. Son cinéma (...) est original, inventif, politiquement engagé (...). Il est, aussi, tout encombré de trucs toc et de lourdeurs. Le souffle y est, mais pas l'ampleur. À force de noirceur ostentatoire, le simplisme y règne...
Thomas Sotinel - Le Monde
ANTÉCHRIST est un film souvent répugnant, à dessein. C'est aussi un acte de bravoure, l'oeuvre d'un artiste qui affronte son démon, la misogynie, et sort vaincu de ce combat. (...) Charlotte Gainsbourg est impressionnante, bloc de douleur dont sourd une voix douce. Willem Dafoe (...) excelle en représentant suffisant de la gent masculine.
Thierry Jobin - Le Temps
(...) ANTÉCHRIST est un film raté. Très ambitieux (...), mais qui rate simplement sa cible. Plus que soufflant, le nouveau Lars Von Trier est surtout un triste soufflé. Une prococatio, certes sifflées et huées, mais vite retombées dans un fracas de rires.
Arnaud Schwartz - La Croix
(...) ANTÉCHRIST est une oeuvre provocante, de nature à susciter un rejet massif (...). Il n'en reste pas moins que par-delà l'outrance et sa réponse - le scandale prévisible -, ANTÉCHRIST véhicule, par-delà toute morale, une matière très riche sur la culpabilité et le mal, le chaos de la nature et la nature humaine.
Danielle Attali - Le Journal du dimanche
On est bluffé par les premières images d'une beauté plastique époustouflante. Mais la dernière heure du film va se révéler (...) fumeuse, dépressive, incohérente, misogyne, violente, horrifique et ridicule (...). Émasculation, excision, masturbation (...) sont les sommets de cette bien confuse entreprise.
Manon Dumais - Voir
À coups d'images distordues et de sons angoissants, Lars von Trier se fait son cinéma d'horreur. Si l'ensemble se révèle par moments complaisant, misogyne et gratuit, rarement le deuil aura-t-il été illustré au cinéma de façon aussi puissante, douloureuse et... organique.