É.-U. 2008. Drame de guerre de Kathryn Bigelow avec Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty. À Bagdad, durant l'été 2004, la survie au quotidien d'un démineur de l'armée américaine et des deux compagnons d'armes qui l'accompagnent sur le terrain. Oeuvre puissante sur la perte des repères. Scénario placide, aux enjeux subliminaux. Réalisation sur le fil du rasoir. Traitement d'une grande sobriété. Jeu nuancé de J. Renner. (sortie en salle: 17 juillet 2009)
À Bagdad, durant l'été 2004, la survie au quotidien d'un démineur de l'armée américaine et des deux compagnons d'armes qui l'accompagnent sur le terrain. Oeuvre puissante sur la perte des repères. Scénario placide, aux enjeux subliminaux. Réalisation sur le fil du rasoir. Traitement d'une grande sobriété. Jeu nuancé de J. Renner. (sortie en salle: 17 juillet 2009)
La très constante Kathryn Bigelow (POINT BREAK, STRANGE DAYS, K-19 - THE WIDOWMAKER), une des voix féminines les plus fortes du cinéma américain, poursuit avec THE HURT LOCKER une oeuvre résolument centrée sur le comportement des hommes. L'offensive américaine en Irak lui donne une occasion d'isoler encore davantage les spécimens à l'étude, voire de montrer le spectre complet de leur puissance et de leur vulnérabilité. Résultat: une chronique rigoureuse, placide, aux enjeux subliminaux, où la cinéaste ne cherche pas à dénoncer la guerre ou à condamner les individus qui la font (d'autres s'en chargent). Celle-ci aspire plutôt à montrer, à travers l'engagement militaire forcé ou délibéré de ses personnages, leur fêlure et leur perte de repères. Sa mise en scène sur le fil du rasoir forge un climat sourd; les nombreuses scènes de suspense sont orchestrées avec soin, sans crescendos truqués ou effets racoleurs. Car THE HURT LOCKER n'est pas un thriller. Ce qui explique la sobriété de la distribution, dominée par un Jeremy Renner troublant, au jeu admirablement intériorisé.
Texte : Martin Bilodeau