Roum. 2007. Drame social de Cristian Mungiu avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, Vlad Ivanov. En 1987 en Roumanie, la journée éprouvante d'une étudiante qui aide son amie à se faire avorter clandestinement. Admirable leçon de cinéma. Scénario au scalpel évoquant avec véracité les heures noires du régime de Ceausescu. Climat de tension sourde. Mise en scène épurée aux longs plans magistralement composés. Jeu à la fois puissant et retenu d'A. Marinca. (sortie en salle: 26 octobre 2007)
En 1987 en Roumanie, la journée éprouvante d'une étudiante qui aide son amie à se faire avorter clandestinement. Admirable leçon de cinéma. Scénario au scalpel évoquant avec véracité les heures noires du régime de Ceausescu. Climat de tension sourde. Mise en scène épurée aux longs plans magistralement composés. Jeu à la fois puissant et retenu d'A. Marinca. (sortie en salle: 26 octobre 2007)
L'immense choc que produit ce second long métrage de Cristian Mungiu (OCCIDENT) est attribuable à deux facteurs. D'une part, à son climat (celui de la Roumanie sous le joug du tyran Nicolae Ceausescu), récréé au moyen d'un nombre infini de détails: rationnement quotidien, lumière blafarde, décors figés dans le temps, mines suspicieuses, etc. D'autre part, à la puissance sourde du scénario, déployé sur 24 heures, criblé de doutes et d'indices trompeurs, moins axé sur ce qui se passe que sur la pénétration de la peur chez Otilia qui, ayant pris en main le malheur de son amie, vacille sous le poids du secret. Cet état de tension et de clandestinité permanente, ainsi que le scénario au scalpel sur la solidarité sociale et le jeu à la fois puissant et retenu d'Anamaria Minca, sont mis en valeur par une mise en scène précise, épurée, dont les plans magistralement composés - certains durent plusieurs minutes - laissent parler le hors champ, aussi important que ce qui se déroule à l'image. Pas étonnant que la Palme d'or de Cannes ait récompensé ce film fin, rigoureux, modeste, qui constitue une admirable leçon de cinéma.
Texte : Martin Bilodeau
Michel Defoy - Voir
Partisan d'une approche non spectaculaire, Cristian Mungiu colle avec rigueur au réel. Il met en scène la vie, la vraie, qui nous prend, en tant que spectateur, à témoin. Impossible de rester indifférent devant les malheurs de Gabita et d'Ottalia (toutes deux habitées de manière extrêmement fine), qui nous touchent droit au coeur.
Danielle Attali - Le Journal du dimanche
Il nous happe dans un flot d'émotions contenues. Cristian Mungiu accumule les plans- séquences qui donnent encore plus de réalité et de puissance à son propos. Sur fond de contexte historico-politique, il raconte le plus simplement du monde cette vie des autres où la tension va crescendo.
Arno Gaillard - Pariscope
(...) nous sommes bien avec Christian Mungiu, en présence d’un grand cinéaste qui filme magnifiquement la vérité politique de son pays autrefois. Son film ressemble à un triptyque, fait de trois parties dans lesquelles de longs plans séquences demandent parfois à l’œil du spectateur de faire sa propre mise en scène.
Françoise Delbecq - Elle
Sacré palme d'or au dernier Festival de Cannes, ce film roumain à la fois bouleversant et percutant est construit comme un thriller, sur le fil tendu de l'angoisse. Un drame suivi caméra à l'épaule par Cristian Mungiu, qui dessine ici avec émotion le portrait intime de deux jeunes femmes.
Cécile Mury - Télérama
Rien ne vient adoucir le prodigieux et habile effet de réalité. Ce parti pris esthétique radical se confond avec la matière même du propos: deux filles au corps inquiet, prises dans le cadre d'une société aliénante (...). Portrait en creux de la fin du communisme en Roumanie, le film évite toute démonstration trop évidente.
Odile Tremblay - Le Devoir
Palme d'or hautement méritée du dernier Festival de Cannes, 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS est un grand film. Une oeuvre-choc qui témoigne, de la part de ce jeune cinéaste roumain, d'une rare maîtrise de l'art cinématographique et du suspense psychologique en une spirale d'angoisse qui ne laisse aucun spectateur indemne.
Alain Spira - Paris Match
Avec (...) maestria (...), le cinéaste manie les plans-séquences et la caméra à l'épaule comme des outils de précision afin de graver en nous à jamais ses images. Du début à la fin de ces 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS, le spectateur est tendu à la limite de la rupture par une angoisse qui n'a rien à envier aux suspenses des meilleurs thrillers ou films d'horreur.
Isabelle Danel - Première
En longs plans-séquences, la caméra fait corps avec la comédienne principale et son énergie inaltérable. Les décors qu'elle traverse n'ont pas l'air d'en être, les dialogues échangés sonnent comme des conversations naturelles. Mille détails vibrants nourissent ce grand film qui traite de volonté, de courage et, par-dessus tout, de fidélité.
Dominique Widemann - L'Humanité
Un plan qui s’attarde sur Otilia de dos, des miroirs qui ne réfléchissent que la désorientation, une scène superbe de dîner d’anniversaire où éclate le mépris d’une certaine bourgeoisie urbaine et cultivée «qui a des relations» pour les gens «simples», on voudrait retenir chaque instant de ce film de haute volée cinématographique, politique et humaine.
Pascal Mérigeau - Le Nouvel Observateur
(...) j'ai été pris par ces deux filles, celle qui fait tout pour l'autre et celle qui ne fait rien pas même pour elle-même, (...) par les relations que toutes deux nouent (...) avec «leur» avorteur, par ces actrices si grandes qu'elles paraissent ne jamais jouer, par ce rythme que crée le cinéaste, par la manière qu'il a de le maintenir en jouant sur les durées, par ces lumières froides qui éclairent le feu dont brûlent les personnages.