Bel. 2006. Drame psychologique de Joachim Lafosse avec Isabelle Huppert, Jérémie Renier, Yannick Renier. Décidée à vendre la maison familiale pour financer la future auberge de son amant, une mère divorcée se heurte à l'hostilité de ses fils jumeaux. Analyse quasi entomologique d'une famille dysfonctionnelle. Mise en scène dépouillée et rigoureuse. Climat de tension bien rendu. Interprètes intenses. (sortie en salle: 23 novembre 2007)
Décidée à vendre la maison familiale pour financer la future auberge de son amant, une mère divorcée se heurte à l'hostilité de ses fils jumeaux. Analyse quasi entomologique d'une famille dysfonctionnelle. Mise en scène dépouillée et rigoureuse. Climat de tension bien rendu. Interprètes intenses. (sortie en salle: 23 novembre 2007)
Le cinéma dépouillé et rigoureux des frères Dardenne (LA PROMESSE, L'ENFANT) aurait-il déteint sur celui de leur compatriote Joachim Lafosse? Sans doute. La parenté se ressent également dans le regard, implacable, que le cinéaste pose sur des êtres empêtrés dans un quotidien morose et de sérieux dilemmes moraux. Ceux, nombreux, qui accablent cette famille dysfonctionnelle, sont mis en évidence par une tension dont la croissance, tout au long du film, est admirablement calibrée. En effet, Lafosse scrute son clan à la manière méticuleuse d'un entomologiste, à grand renfort de plans longs et fixes. Lesquels distillent un malaise profond et parfois chargé d'ambiguïté sexuelle, notamment dans les rapports que la mère entretient avec ses deux garçons. Ces trois personnages, pétris de contradictions et portés par une colère sourde, prennent vie grâce à l'intensité remarquable de leurs interprètes.
Texte : André Lavoie
Régis Tremblay - Le Soleil
Pour souligner le silence assourdissant de ses personnages, Lafosse a éliminé toute musique de son film. Mais au tout dernier moment, alors que la caméra s’éloigne de la scène du drame, s’élève une musique terriblement présente, pressante, déchirante, criante. Certaines gens sont des réservoirs d’émotions qui ne se libèrent que dans la violence.
Anabelle Nicoud - La Presse
Entre suspense et réalisme, Joachim Lafosse explore (...) les nombreuses routes qui conduisent au drame. Les plans sont simples et soignés, les personnages, baignés dans la grisaille d'hiver, déploient entre ces murs une force de jeu impressionnante. Isabelle Huppert (...) est magistrale dans ses éclats comme dans ses retenues. La relation passionnelle des fils ennemis est portée par le jeu solide des deux frères Renier.
Rachel Haller - Ici
Le malaise suinte jusqu’à l’étouffement. D’autant qu’à la manière d’un Haneke, Joachim Lafosse (...) tient l’abcès à distance pour mieux le faire éclater. (...) Une seule réserve à ce magnifique film: Isabelle Huppert incarnant encore une fois Isabelle Huppert. (...) son savoir-faire est indiscutable. Mais on aimerait parfois lui découvrir un autre visage.
Édouard Waintrop - Libération
(...) le Bruxellois Joachim Lafosse (...) signe ici un drame impressionnant. (...) Joachim Lafosse a réussi à planter son drame et à le rendre incertain. Maîtrisés, fixes, proches des acteurs, les plans sont souvent superbes. (...) La mise en scène construit une distance que le jeu intense des acteurs conteste.
Louis Guichard - Télérama
En plans fixes chargés d'une électricité de plus en plus explosive, le film tire un très beau parti de l'hétérogénéité de son casting. Logée à la même enseigne que les autres, Isabelle Huppert parvient à la fois à faire du Isabelle Huppert, avec ce que cela comporte de jubilatoire, et à se fondre dans la trivialité épidermique de la situation.
Pascal Mérigeau - Le Nouvel Obs
(...) le réalisateur belge Joachim Lafosse travaille une matière dont aucun résumé ne saurait rendre compte. Longs plans dans le salon, la caméra du côté de la télé, que regardent sans la voir les habitants de la maison, fixité du filmage des scènes de repas, où souvent ce qui n'est pas dit importe davantage que les mots entendus (...).