L'avis de Mediafilm

Le premier long métrage d'Alexis Durand-Brault était prometteur. Son thème - les relations père-fille à l'ère de la pornographie sur Internet et de l'hyper-sexualisation des jeunes - ouvrait la voie à de multiples réflexions. Sur l'innocence, l'hypocrisie, le syndrome du nid désert, pour n'évoquer que les plus visibles. Or, ces pistes sont vite abandonnées au profit d'un thriller conventionnel carburant aux effets faciles qui culmine, hélas, sur un dénouement ridicule. Issu du monde de la publicité, le cinéaste filme son histoire avec une énergie et un sens de l'image qui dépassent en intensité le matériau de base. Les différents points de vue (le père et la fille se racontent en alternance) s'emboîtent très mal. Du reste, ce parti pris narratif fait moins l'effet d'une nécessité dramatique que d'un caprice. Autre incongruité à signaler: l'excellente musique de Normand Corbeil apparaît plus puissante et évocatrice que les interprètes. Karine Vanasse est en effet peu crédible en fille rebelle et on sent Michel Côté à l'étroit dans son costume de père aux abois.

Martin Bilodeau