L’AVIS DE MEDIAFILM

Les films précédents du cinéaste indépendant Gregg Araki (THE LIVING END, THE DOOM GENERATION, NOWHERE) ne nous avaient pas préparés à la complexité, l'originalité et le doigté de cette nouvelle oeuvre sur le thème ô combien délicat de la pédophilie. Une de ses principales qualités est d'aborder ce sujet avec un évident souci d'éviter les idées préconçues. Cocktail audacieux de peinture sociale parfois sordide, de comédie de moeurs acidulée, d'étude psychologique pénétrante et de poésie relevant presque du réalisme magique, MYSTERIOUS SKIN est une oeuvre insolite, émouvante et souvent troublante qui traite son sujet par le biais d'un portrait incisif de jeunes marginaux. Le film mêle de façon percutante une sensibilité presque naïve avec une vision cynique de certains aspects du style de vie à l'américaine. Habilement construite, l'intrigue suit de l'enfance à l'adolescence deux personnages dont les parcours parallèles convergent vers une confrontation qui aura, tant sur eux que sur les spectateurs, l'effet d'un choc, puis d'une catharsis. À l'instar du progrès qu'il a fait dans son travail d'écriture, Araki démontre une belle assurance dans sa mise en scène, qui comporte de nombreuses idées inventives. Tous les interprètes sont excellents, mais la palme revient à Joseph-Gordon Levitt, véritable révélation dans le rôle du jeune prostitué.

Texte : Martin Girard