L'avis de Mediafilm

À première vue, ELECTION évoque THE GODFATHER (pour les guerres de clans) et INFERNAL AFFAIRS (pour son jeu de miroir entre institutions criminelles et policières). Sous la surface toutefois, ce premier volet d'un dyptique de Johnnie To se penche avec une certaine mélancolie sur la dissolution des codes ancestraux des triades (dont celui de l'honneur) au profit de l'appât du gain et du despotisme. Le scénario touffu et populeux faiblit par moment, voire plafonne au deuxième acte, avant de reprendre du nerf dans le troisième. En revanche, la réalisation, dynamique et sophistiquée, ne perd jamais de son charme, ni de son impact. À porter au crédit du film: la photographie, qui dans la première partie multiplie les clairs-obscurs et les ombres sur les visages, de façon à mettre en garde les spectateurs contre ses premières impressions. Aussi, le montage serré fait l'effet d'une respiration étouffée. Le contraste entre le jeu nuancé de Simon Yam et celui, excessif, de Tony Leung Ka-Fai dans la peau du rival défait, énergise grandement le film.

Martin Bilodeau