L'avis de Mediafilm

Le dramaturge et metteur en scène québécois d'origine libanaise Wajdi Mouawad a choisi, pour sa première incursion au cinéma, d'adapter sa pièce la plus connue. Utilisant les conventions du road movie dans le contexte d'un pays dévasté par la guerre, le film explore les ravages de celle-ci sur ceux qui la subissent et décrit le choc d'un Nord-Américain devant une réalité qui le dépasse. Le thème de l'absence du père, récurrent dans le cinéma québécois, est ici illustré avec poésie et lyrisme, la mort n'apparaissant pas comme un obstacle au fils pour tenter une ultime réconciliation. Celle-ci donne lieu à des images d'une beauté envoûtante, le cinéaste exploitant à merveille les paysages arides et montagneux de l'Albanie, lieu de tournage du film. Les motivations des personnages secondaires qui aident le protagoniste dans sa quête demeurent toutefois obscures et confuses, reflétant la difficulté de réduire une oeuvre théâtrale d'une telle densité dramatique aux limites d'un long métrage. Même si certains spectateurs auront du mal à croire à l'origine arabe de personnages incarnés par des acteurs québécois connus, ce décalage s'estompe à la fois devant le caractère poétique du film et la fougue des interprètes, qui ont tous défendu leur rôle à de nombreuses reprises sur les planches.

André Lavoie