É.-U. 2004. Comédie de Wes Anderson avec Bill Murray, Owen Wilson, Cate Blanchett. Un océanographe sur le déclin part en expédition, flanqué d'un soi-disant fils illégitime et d'une journaliste fuyant une vie personnelle tourmentée. Mélange assez coloré d'observations de moeurs et de fantaisie pure. Récit éparpillé. Dialogues truculents. Excellente direction artistique. Une certaine distance dans le traitement. Composition assez savoureuse de B. Murray.
Un océanographe sur le déclin part en expédition, flanqué d'un soi-disant fils illégitime et d'une journaliste fuyant une vie personnelle tourmentée. Mélange assez coloré d'observations de moeurs et de fantaisie pure. Récit éparpillé. Dialogues truculents. Excellente direction artistique. Une certaine distance dans le traitement. Composition assez savoureuse de B. Murray.
Bien que l'intrigue de son quatrième long métrage ressemble quelque peu à celle de THE ROYAL TENENBAUMS, Wes Anderson manifeste ici un désir évident de renouveler son univers. Tout en restant fidèle à sa manière de mêler l'observation de moeurs à la fantaisie pure, Anderson offre son film le plus ambitieux à ce jour. En effet, l'intime quête de rédemption de Steve Zissou est racontée à grands renforts de moyens, au fil d'un pastiche de film d'aventures fourmillant de pirates, d'îles mystérieuses et de fabuleuses créatures marines. Mais le mélange ne «prend» qu'à moitié, le travail époustouflant de la direction artistique (notamment dans l'établissement des décors et l'invention d'un univers sous-marin délicieusement kitsch) n'arrivant pas à occulter l'éparpillement d'un récit au rythme incertain, dont les péripéties sont parfois traitées avec une étrange distanciation. On pourra aussi regretter la sous-utilisation d'une distribution de haut vol, qui se contente souvent de rôles certainement pittoresques, mais rarement étoffés. Cependant, Bill Murray, dans une composition déjantée qui relève à la fois d'Ed Wood, du capitaine Achab de «Moby Dick» et du commandant Cousteau, livre une performance dont l'impassibilité mélancolique est source de nombreux moments comiques, aidé en cela par des dialogues souvent truculents.
Texte : Jean-Philippe Gravel