L’AVIS DE MEDIAFILM

Il faut souligner la témérité des artisans de CE QU?IL RESTE DE NOUS, qui ont défié les autorités chinoises en portant dans tous les coins du Tibet le touchant message d'espoir du dalaï-lama. Et il faut aussi saluer le courage des Tibétains qui ont accepté de se laisser filmer pendant la diffusion de ce message, car une fois repérés, ils risquent de dures sanctions. Ces dangers démontrent à quel point la situation demeure précaire dans cette région devenue «le grenier et la poubelle» de la Chine. Afin de minimiser les risques (délation, chantage, etc.), les deux cinéastes ont refusé d'identifier les lieux où ils séjournaient, allant même jusqu'à entrecroiser dans le montage plusieurs endroits pour brouiller les pistes. Par contre, leurs objectifs sont d'une limpidité remarquable, humbles messagers d'un chef spirituel dont les préceptes sont mieux diffusés en Occident que dans son pays d'origine. Même si leur film illustre la profonde sincérité de leur engagement, ils n'hésitent pas, à travers la voix chargée d'émotion de Kalsang Dolma, d'interroger les limites de l'action non violente telle que prônée par le bouddhisme. D'un séjour à l'autre, les cinéastes constatent la disparition progressive d'un peuple dans l'indifférence générale, victime du silence complice des pays, dont le nôtre, qui veulent profiter de l'imposant marché chinois.

Texte : André Lavoie