Qué. 2002. Drame policier de Robert Morin avec Vincent Bilodeau, Robin Aubert, Béatrice Picard. Dans la campagne québécoise, deux policiers enquêtent sur un drame survenu après la destruction d'un nègre de jardin par un jeune Noir. Dénonciation virulente du racisme et de la bêtise humaine en milieu rural. Récit pluriel adoptant les points de vue contradictoires des témoins du drame. Réalisation assurée et imaginative. Interprétation juste et souvent savoureuse.
Dans la campagne québécoise, deux policiers enquêtent sur un drame survenu après la destruction d'un nègre de jardin par un jeune Noir. Dénonciation virulente du racisme et de la bêtise humaine en milieu rural. Récit pluriel adoptant les points de vue contradictoires des témoins du drame. Réalisation assurée et imaginative. Interprétation juste et souvent savoureuse.
Fort d'une longue expérience de vidéaste indépendant et de deux incursions dans le long métrage pour le cinéma (REQUIEM POUR UN BEAU SANS-COEUR et WINDIGO), Robert Morin offre avec LE NÈG' son oeuvre la plus aboutie à ce jour, tant au plan de la forme que du fond. Affectionnant les sujets sociaux (le sort des ex-détenus dans LA RÉCEPTION, celui des toxicomanes dans QUICONQUE MEURT, MEURT À DOULEUR), Morin se livre cette fois à une virulente dénonciation du racisme et de la bêtise humaine dans un Québec profond un peu trop replié sur lui-même. De fait, son approche frontale, crue et sans concession de ce désolant phénomène risque de rendre inconfortables certains spectateurs. Par ailleurs, le récit pluriel à la RASHOMON reconstitue les faits à partir des points de vue divergents des témoins du drame, histoire de montrer à quel point la vérité peut être relative. À ce titre, l'explication finale fournie par les visions intérieures du déficient mental en laissera plus d'un perplexe. D'ailleurs, lesdites visions sont mises en scène de façon fort inventive par Morin, à l'instar des autres témoignages, filmés chacun dans un style et un ton différents. Fruit d'un patient travail d'improvisation, le jeu d'ensemble sonne étonnamment juste, réservant plusieurs moments savoureux, gracieuseté de Robin Aubert et Emmanuel Bilodeau.
Texte : Louis-Paul Rioux