L'avis de Mediafilm

S'attaquer au droit sacro-saint des Américains à posséder des armes à feu constitue un véritable défi, qu'assume Michael Moore avec toute l'impétuosité et le goût de la provocation qu'on lui connaît. Dans ce tableau à la fois choquant et satirique, le cinéaste braque une caméra accusatrice sur son propre pays, dont il dénonce le tempérament belliqueux et le culte absurde de l'autodéfense. Une des principales thèses développées dans le film veut que les Américains vivent dans la peur de «l'autre», qu'il soit Amérindien, Afro-Américain ou Arabe. Et que c'est cette peur, nourrie par les médias et les politiques défensives du gouvernement, qui explique en partie la dépendance chronique de nos voisins du Sud envers les armes à feu. Très en verve, Moore résume même l'histoire des États-Unis dans un court dessin animé illustrant cette thèse. Par ailleurs, il utilise de façon percutante de nombreux films d'archives. Mais la force principale du cinéaste réside dans les passages où il sort sur le terrain pour confronter directement les protagonistes impliqués dans la vente et la promotion des armes à feu, que ce soit un dirigeant d'entreprise d'armements, le représentant d'une chaîne de magasins ou l'acteur Charlton Heston, le président de la National Rifle Association, que Moore prend au piège dans une entrevue-choc.

Martin Girard