Fr. 2000. Comédie de moeurs de Francis Veber avec Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Michèle Laroque. Pour éviter d'être licencié, un comptable d'une usine de préservatifs se fait passer pour un homosexuel auprès de ses patrons. Récit bien écrit prônant le droit au bonheur pour tous. Dialogue drôle et mordant. Réalisation fonctionnelle. Rythme soutenu. Distribution relevée.
Pour éviter d'être licencié, un comptable d'une usine de préservatifs se fait passer pour un homosexuel auprès de ses patrons. Récit bien écrit prônant le droit au bonheur pour tous. Dialogue drôle et mordant. Réalisation fonctionnelle. Rythme soutenu. Distribution relevée.
Dans cette comédie prônant le droit au bonheur pour tous, Francis Veber a repris l'idée centrale d'un de ses meilleurs scénarios, celui du film d'Yves Robert Le Grand Blond avec une chaussure noire. Il s'agit donc d'attribuer à un individu ordinaire une fausse identité (hier un espion, aujourd'hui un homosexuel) et d'observer ensuite comment les gens qui côtoient ce type interprètent de façon biaisée chacun de ses gestes les plus banals. Car pour jouer le rôle d'un gay, le protagoniste se fait conseiller par son voisin de ne rien changer à son comportement, parce que selon lui, «les folles sonnent faux» (une affirmation plutôt ironique dans un film de Veber, qui a naguère coscénarisé le très caricatural La Cage aux folles). Bref, ce jeu sur les perceptions procure au spectateur plusieurs quiproquos assez amusants, qui s'imbriquent efficacement dans un scénario bien construit au rythme soutenu (la grande force de l'auteur), malgré le grand nombre d'intrigues secondaires. La réalisation purement fonctionnelle est entièrement au service d'interprètes triés sur le volet, qui prennent un évident plaisir à livrer des dialogues drôles et souvent mordants, dans lesquels sont égratignés autant l'homophobie primaire que les excès de la rectitude politique.
Texte : Louis-Paul Rioux