C'est en effet un pari impossible qui est ici gagné, un double saut périlleux que Deville réussit, célébrant les épousailles inespérées de deux plaisirs incompatibles: le cinéma et la lecture, le voir et le croire, le représenté et le rêvé.

Bonheur de se laisser emporter par les thèmes beethovéniens de la bande musicale, très soignée comme toujours avec Deville. Bonheur de participer à une célébration ludique, dont on sort des lacis avec plus que jamais le désir de se plonger dans un gros bouquin.

Il jongle avec les mots comme il semble jongler avec la caméra. Cependant, à force de jouer, la vie s'échappe de son film et l'ensemble est assez froid, comme désincarné par un talent qui devient de plus en plus cérébral.

Nous sommes plongés dans un univers semi-réel où règnent l'ambiguïté et le mystère des âmes. Ce n'est jamais triste. Mais drôle, émouvant, cocasse.

Un voyage au pays de l'immédiateté et de l'instant, qui sont les modes d'existence des sens. À l'évidence, LA LECTRICE n'a pas d'autre prétention que d'installer ce climat de libertinage où la sensation, qu'elle soit d'ordre érotique ou affectif, ne veut pas du contrôle de l'esprit.