L’AVIS DE MEDIAFILM

Dix ans après CATIMINI, la Québécoise Nathalie Saint-Pierre revient avec un récit d’émancipation immersif, filmé à hauteur d’adolescente. Au moyen d’une mise en scène maîtrisée, la cinéaste sait tirer tout le potentiel de cette odyssée initiatique, la découverte du monde, de la ville et de la musique y étant retranscrites avec une sensibilité esthétique marquée. Maintenant un regard empathique sur ses personnages, la réalisatrice s’appuie également sur le visage expressif de Lou Thompson, époustouflante dans son premier rôle à l'écran, et sur la composition d’Édith Cochrane, dans le rôle de la tante hilarante, mais alcoolique, pour faire jaillir toute une gamme d’émotions. Les deux comédiennes s’aventurent dans des zones de grande vulnérabilité, ce qui vient confirmer l’un des nombreux talents de Saint-Pierre : la direction d’acteurs. En dépit d’un court épilogue plus conventionnel, le scénario nuancé évite les pièges narratifs, privilégiant les zones grises aux réponses toutes faites. Montréal — ses murales, ses habitants, ses espaces verts — y brille de mille feux. (Texte rédigé en novembre 2023, dans le cadre du festival Cinemania)

Texte : Céline Gobert