L’AVIS DE MEDIAFILM

Huit ans après PLUIE NOIRE, bouleversante dénonciation des effets de la bombe atomique, filmée toutefois avec une extrême sobriété, Shohei Imamura revient à soixante et onze ans avec un film beaucoup plus libre et d'une grande vigueur, caractérisant davantage l'ensemble de son oeuvre. C'est donc dire que le cinéaste poursuit son exploration, souvent qualifiée d'entomologique, de la sexualité humaine (ici représentée par l'impuissance), au sein d'un récit foisonnant et complexe, qui n'hésite pas à mélanger les genres. Ainsi, du drame le plus sordide, on passe à une savoureuse observation de moeurs de personnages pittoresques ou gentiment excentriques. Celle-ci est agencée harmonieusement à l'étude des obstacles psychologiques que devra surmonter le protagoniste principal pour renouer avec la vie et l'amour. Traversé en plus d'éclairs surréalistes et de moments de pure bouffonnerie, l'ensemble fait montre d'une étonnante cohérence, le récit étant mené de main de maître dans une mise en scène d'une admirable aisance. L'interprétation se révèle de première force.

Texte : Louis-Paul Rioux