L’AVIS DE MEDIAFILM

Déjà dans UNFORGIVEN en 1992, Clint Eastwood constatait, non sans humour, que son personnage de cowboy ténébreux et laconique commençait à subir les ravages du temps. Dans son nouveau film, le maintenant septuagénaire Eastwood en remet dans l'autodérision, tapissant son film de blagues sur le vieillissement (surtout lors des séquences d'entraînement de ces recrues retraitées), mais cette fois en prenant également pour cibles trois autres vétérans du grand écran, qui se prêtent au jeu avec un évident plaisir. Le vol historique de John Glenn en 1998 a pavé la voie à cette aventure gériatrique qui, bien que résolument invraisemblable, s'avère fort divertissante dans l'ensemble. Tout au plus doit-on déplorer les circonstances plutôt fabriquées du suspense final, néanmoins efficace, ainsi que quelques excès de sentimentalisme. La mise en scène de ce vieux routier d'Eastwood s'avère assurée et précise, avec une mention pour le prologue tourné en noir et blanc, qui réserve des images saisissantes d'avions franchissant le mur du son. L'interprétation pleine d'aisance est dominée par Eastwood et Tommy Lee Jones, mais Donald Sutherland a également de bonnes scènes, en dépit d'un personnage à peine esquissé.

Texte : Louis-Paul Rioux