L’AVIS DE MEDIAFILM

Depuis l'acclamé CINEMA PARADISO, Giuseppe Tornatore a beaucoup de difficultés à renouer avec le succès. Et ce n'est malheureusement pas cette ambitieuse adaptation du monologue d'Alessandro Baricco qui redorera son blason. Ainsi, à partir d'un spectacle d'à peine une heure, Tornatore a réalisé une oeuvre ampoulée d'une durée de trois heures, qui a cependant été amputée de cinquante minutes pour la sortie en salles. Malgré cela, l'ensemble demeure souvent languissant, étirant à l'envi une idée de départ pourtant originale et fort séduisante. Car malgré quelques scènes assez réussies, la poésie et l'émotion du texte de Baricco font plutôt place à une sensiblerie facile et à des explications psychologiques simplistes. Tournant en anglais pour la première fois, le cinéaste sicilien n'a cependant rien perdu de son habileté à composer de belles images très soignées, bénéficiant d'un luxueux décor qu'il sait mettre en valeur. Tim Roth s'avère tour à tour attachant et crâneur, tandis que dans le rôle pivot de l'ami trompettiste, Pruitt Taylor Vince fait ce qu'il peut avec un personnage insuffisamment développé.

Texte : Louis-Paul Rioux